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Libération

Au Yémen, la révolution amère

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La Semaine de Ali Al-Muqri.
par Ali Al-Muqri
publié le 10 décembre 2011 à 0h00

Samedi

Loin de Sanaa

Je n'ai pas réussi à me débarrasser de mon angoisse à l'idée de manquer d'électricité ou d'eau, même si nous sommes loin de la capitale, Sanaa. Là-bas, l'électricité est coupée environ vingt-deux heures par jour, et l'eau n'est acheminée qu'une fois par semaine. Au cours des deux mois précédents, j'ai beaucoup voyagé, participant à des manifestations littéraires à New York, New Delhi et aux Emirats. Quand je m'assieds devant mon écran pour rédiger un article, je dois sauvegarder mon fichier après chaque ligne de peur qu'une coupure subite me fasse perdre mon texte. Chaque fois que revient ce sentiment d'angoisse, ou à tout le moins de prudence, je me dis : «Eh bien Ali, qu'est-ce qui te prend ? Tu n'es plus à Sanaa !» et je continue à écrire. Mais les maudites appréhensions reviennent au bout de quelques lignes, m'incitant à faire une nouvelle sauvegarde. Peut-être est-ce pour cela que je laisse les lumières et la télévision allumées quand je dors ?

Dimanche

Prix nobel et charia

Je guette les informations relatives à la lauréate du prix Nobel de la paix, Tawakkol Karman, particulièrement attentif à l'évolution de son comportement. En effet, en tant que membre d'un parti islamiste modéré, ses apparitions publiques sont largement commentées, surtout ces images où on l'a vue, après la remise du prix, serrer la main de responsables arabes, européens et américains. Il faut dire