Les politiques racistes ont été trop horribles pour qu’elles puissent nous fournir des outils politiques susceptibles de mieux appréhender le présent. Comme si certaines expériences historiques étaient si traumatisantes que rien d’intelligent, de positif, de grand ne pouvait en sortir. Ceci pourrait expliquer le rôle franchement conservateur que jouent, dans les sociétés européennes, les militants antiracistes et le consensus qu’ils suscitent. Voici l’amère conclusion que l’on peut tirer de l’expo «Exhibitions, l’invention du sauvage», au musée du Quai-Branly.
Ses organisateurs ont voulu dénoncer le scandale de la mise en spectacle durant cinq siècles d'êtres humains tenus pour des sauvages extirpés des terres conquises ou colonisées. Pour justifier qu'une telle indignation vaille une expo dans un si beau musée, ils avancent que ces exhibitions auraient été la cause de la popularisation du racisme au XIXe . Les millions de personnes qui se sont déplacées pour les voir dans les expositions universelles, les foires et même les zoos, auraient ainsi appris le mépris de l'Autre et son exclusion d'une commune humanité. Comme si ces spectacles avaient fourni aux politiques racistes et criminelles des Etats le consensus populaire sans lequel elles n'auraient pas pu être entreprises.
Cependant, toute la question est de savoir ce qui, aux yeux des organisateurs de l’exposition, était si scandaleux et si néfaste dans ces spectacles. Car les acteurs engagés par contrat et payés