Choisir le métier d’inspecteur lorsqu’on porte une écharpe rouge, et ce quelle que soit la saison, n’est pas à proprement parler judicieux. Ce plastron vermillon, flambé sur un plumage gris souris, le rouge-gorge, ne fait rien pour le dissimuler. A l’inverse, il le déploie tel un armurier ses armes, un porte-étendard son oriflamme, sachant d’instinct de ce coloris dont il est de gorge vêtu, qu’il impressionne les curieux.
Tels deux bijoux précieux n’ayant nul lien de parenté avec mon géniteur, j’en possède deux qui ne m’appartiennent nullement. Le plus ancien a élu domicile à l’ouest de mon habitat, l’autre, arrivé plus récemment au printemps, se cache du premier à l’est. Les bougres sont des solitaires qui sans cesse veillent sur leurs frontières. L’un et l’autre disposent d’un bosquet de forsythia où, quand mars survient, ils clignotent du feu de leur poitrine parmi les bouquets jaunes, tout en sifflotant leurs mélodies perlées, dont le répertoire varié est fort guilleret aux oreilles mélancoliques.
Celui qui se trouve à l’ouest - affrontant tous les vents mauvais, les grains et les volées orange de chasseurs obtus, gorge déployée, plumes ébouriffées - vit parmi les orties, quelques branchages délaissés, ainsi qu’un mur de pierres, pour la plupart de marbre, sur lequel il sautille, courroucé lorsque mon chat déambule en son domaine.
Celui-ci, il faut bien le dire, lui a ravi, deux ans auparavant, sa couvée dans les prémices de l’envol. Ce ne sont pas choses honnêtes, j’en con