C'était le dernier samedi de l'an, peu avant que le-candidat-sortant-pas-encore-déclaré-mais-ça-ne-saurait-tarder présente ses vœux au pays. Dans l'air, rien de curiosité ni d'excitation minimales, même professionnelles, au point que je me suis demandé si ce n'était pas que de moi, cette extrême lassitude devant un autre de ces rituels épuisants de la Ve République épuisée. Les vœux présidentiels sont en leur vacuité devenus le pendant hivernal de la parade du 14-Juillet, dont la seule évocation d'une hypothèse de son remplacement par un défilé de citoyens plutôt que de ganaches suscita l'été dernier tant de couinements indignés. Alors, pour laisser toute sa chance au verbe présidentiel, j'ai fait le choix délibéré de ne pas le regarder, ne pas me laisser distraire par le nœud d'une cravate, le soubresaut d'une épaule ou le clignotement d'un gyrophare dans un troisième plan lointain ; et j'ai écouté samedi sur un vieux transistor les mots ternes de Nicolas Sarkozy.
En pure perte de temps, évidemment. Le souvenir des vaines promesses et stériles incantations ayant jalonné les quatre précédentes éditions avait d'avance vidé celle-ci de tout crédit. Dans un nouveau pas de deux et sans un seul mot d'Europe, la fugitive évocation d'une plus qu'hypothétique «croissance» avéra que la voix sortie du poste n'en était pas à une singerie près. Même la Marseillaise, interrompue aux génériques d'ouverture et de fin, fut priée de faire court, comme pour relativ