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Libération

Le beau et la bête

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publié le 28 janvier 2012 à 0h00

Mieux vaut être beau qu’intelligent. Même les pauvres bêtes n’échappent pas à ce lamentable adage. Ainsi, les espèces en voie de disparition mais laides n’ont-elles aucune chance de figurer dans la liste de celles que nous devons absolument protéger, même si elles sont très utiles. Prenez le panda, star de nos animaux rares, dont un couple, loué à prix d’or à la Chine, vient d’arriver en fanfare au zoo de Beauval (Loir-et-Cher) : n’est-il pas si «mignon» pour mériter tant d’égards, alors qu’il passe le plus clair de son temps à dormir après s’être goinfré de bambous ? Quant au sexe, ou aux héritiers, il s’en moque : le panda s’accouple une fois par an… Maintenant, pensez au cochon, bien gras mais pas vraiment gracieux. Celui-là n’a pas l’ombre d’une chance d’échapper à la casserole, alors que son QI bat tous les records. Le cheval, lui, est devenu plus rare en boucherie, tant il rivalise d’élégance. Dans les années 60, un peu comme on était pro-Beatles ou pro-Rolling Stones, la querelle entre partisans du tartare de cheval ou de bœuf agitait la population carnivore. Aujourd’hui, l’hippophagie est illégale dans certains Etats américains, tandis qu’en France l’amateur de steak chevalin fait un peu moins son malin. C’est que l’animal a retrouvé son rang : celui de faire gagner des fortunes aux parieurs et à ses propriétaires lors de nobles compétitions. A condition d’être des champions : les chevaux de course qui échouent aux tests de sélection des hippodromes finissent encore