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Libération

Quand Jésus crie

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publié le 4 février 2012 à 0h00

Chaque semaine, un jeu de pronostics bienveillants mobilise quelques amis de cette chronique, qui s'interrogent sur le choix d'une seule image parmi les centaines publiées par Libération en une semaine. Ce rite domestique et convivial dit un peu du goût des uns et du pouvoir de distinction des autres. Il est plus troublant quand il converge vers l'élection d'une seule et même image. Ce qui fut le cas cette semaine avec la photographie du joueur de tennis serbe Novak Djokovic prise le 29 janvier à Melbourne, après sa victoire à l'Open d'Australie devant l'Espagnol Rafael Nadal. «Ça s'impose.»«C'est évident.»«J'en étais sûr.» Mais de quoi est fait ce «ça» ? De quelle sorte d'évidence s'agit-il ? Sur quoi est fondée cette assurance ?

Ce qui frappe d’un point de vue géométrique, c’est la composition de la photographie, le tracé de quelques lignes qui sont comme le diagramme de l’image. Comme si l’œil du photographe avait profité des morceaux de corps humains et de leur imbrication (le tronc du joueur, les bras de ses supposés supporteurs) pour dessiner une sorte de chandelier théorique se ramifiant en quatre ou cinq branches. Mais quelle que soit leur force, il est peu probable que ce soient ces lignes abstraites qui aient fait l’unanimité.

L’aspect christique paraît plus fédérateur pour peu que l’on soit de civilisation occidentale. Que reconnaît-on qu’on a déjà vu en peinture ? Un Christ en descente de sa Croix. Ce qui est plus inédit