Que montrer quand il n'y a plus rien à voir ? Cette semaine, comme une queue de comète en voie d'extinction à l'heure de la mise à feu, Sarkozy, encore et toujours. En couv de Libé et des autres quotidiens, des hebdos, à la télé, et sur nos murs via les affiches de campagne.
Cette hypnose, qui confine au culte de la personnalité, relève depuis cinq ans du bastonnage public jusqu'à ce que mort s'en suive. Vous n'en pouvez plus ? Vous en voulez encore ? Le Président parle à l'oreille des journalistes qui le suivent : «Sans moi, vous allez vous embêter. Qu'est-ce que Libération va devenir ?»
Le pire, c’est qu’il le pense. Depuis cinq ans, ce n’est pas seulement le niveau du débat politique qui s’est dangereusement effondré à coup d’annonces grotesques et de débats idéologiquement biaisés, c’est la capacité du citoyen lambda à détourner le regard de ce pôle hyper-attractif qu’est devenu l’omniprésident. Sarkozy est cette ampoule absurde que le junkie fixe d’un regard vide dans sa chambre de désolation. L’ampoule au plafond n’est pas la drogue, elle ne contient aucune jouissance, aucune plénitude, mais elle s’impose comme la forme que l’œil errant agrippe dans un mouvement réflexe, pavlovien. Comme si la lumière et la faible chaleur contenue dans la petite boule de verre prête à exploser pouvait remplir l’espace immense libéré par le manque.
Mercredi, en pages Evénement avec la une titrant «Sur la ligne du départ», on pouvait voir cette image du Président,