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Libération

Rêver n’a jamais empêché la lutte

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Nathalie Kuperman.
par Nathalie Kuperman, écrivaine
publié le 18 février 2012 à 0h00

SAMEDI

La liste

Je me réveille ce matin avec le sentiment que j'ai quelque chose de très important à faire. Je me précipite sur ma dernière liste, notée sur les enveloppes de factures qui me font office de pense-bête : - Payer l'abonnement ELM Leblanc. - Appeler Hélène Morita. - Commencer la semaine de Libé. - Passer chez le soldeur pour échange pantalon. - Acheter cadeau pour soirée pyjama de Lucie - Voir colo. Le dernier point m'alerte. Carlotta, ma fille, part en colo de ski dans une semaine et je ne me suis occupée de rien. Je saisis la liste «colo» et je prends conscience de mon insuffisance. Elle n'a pas de lunettes catégorie 3, pas de gants en cuir, pas d'après-ski. Je passe de liste en liste et tente d'établir une hiérarchie des choses à faire. J'embarque Carlotta direction Go Sport. Sur le chemin, elle me demande : «Ils mangent comment, les pauvres ?» Je lui parle de la soupe populaire et du froid. Elle me demande : «Nous, maman, on n'ira jamais à la soupe populaire ?» Je la rassure, désorientée par sa question. «Non, bien sûr que non, on n'ira jamais.» On sort du magasin avec tout ce qu'il faut.

DIMANCHE

Pôle emploi

On annonce le redoux. J'aime le mot «redoux». Il était temps que l'on abandonne le froid, ce best-seller de l'information. Mais aujourd'hui, j'ai beau penser qu'il va faire chaud, je suis transie. J'ai oublié de fermer la fenêtre avant de sortir. L'appartement est une glacière. Je pense facture GDF et ma fille refuse d'enl