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Libération

Souviens-toi de François Fillon

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publié le 18 février 2012 à 0h00

Il y a au moins une promesse que Nicolas Sarkozy n'a pas faite pour son éventuel prochain quinquennat : celle de conserver cinq ans de plus François Fillon comme Premier ministre. Peut-être que c'est ça, l'arme secrète du candidat président, se démarquer du bilan du quinquennat de François Fillon. Celui-ci s'est bien opposé au côté bling-bling du Président par une discrétion de chaque instant. Mais c'est une vertu à double tranchant, et il n'y a pas que de l'admiration quand on dit de quelqu'un, surtout un homme politique : «Il a été très discret pendant la guerre» ou «pendant la crise» ou «pendant les événements» quels qu'ils soient. C'est rare qu'on puisse être aussi peu Premier ministre que François Fillon aussi longtemps. A force de ne pas faire d'ombre à Nicolas Sarkozy, n'aurait-il pas perdu la sienne ? Dans la grande histoire des Premiers ministres, il laissera son empreinte en creux. Il est le plus invulnérable des fusibles, celui qui n'a jamais sauté. D'un autre côté, un Premier ministre ne s'use que si l'on s'en sert. Quand on pense que Nicolas Sarkozy a imaginé s'en débarrasser il y a presque dix-huit mois et que François Fillon a su s'imposer à lui, on imagine son argument pour convaincre : «Personne ne pourra être aussi inutile que moi à ce poste.» Il a appliqué au premier d'entre eux le précepte de Jean-Pierre Chevènement : «Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.» Jamais on n'aura pratiqué le droit de réserve avec autant de rigueur. On dira