Il s’appelle Antonin. C’est un prénom très ancien, antique même, puisqu’il serait un mélange du latin antonius («inestimable») et du grec anthos («fleur»). Une fleur inestimable, une espèce rare. Ce premier tour de piste permet de s’approcher à pas de loup de notre Antonin du jour. Dans l’histoire, Antonin fut empereur romain au deuxième siècle de notre ère, un bon empereur, dit Marc Aurèle, surnommé le pieux par allusion à la piété filiale qu’il manifesta pour son père adoptif, l’empereur Hadrien. Dans l’histoire littéraire, il y eut aussi Artaud. En France, Antonin était un prénom très peu fréquenté jusqu’au début des années 80, où il connut un regain jamais démenti. Donc depuis une trentaine d’années. Ce qui est à peu près l’âge de notre Antonin, qui a 26 ans.
Fleur inestimable, empereur, Artaud… Si on jette tous ces signes d’Antonin dans un mixer, cela donne : Antonin, autiste, photographié par Olivier Coulange à l’hôpital du Puy-en-Velay (Haute-Loire), le 4 février. Il faisait froid sur la France le 4 février. Antonin porte apparemment un bon pull et un cache-nez.
On pourrait estimer que, s'il n'était pas malade, Antonin pourrait être beau avec son faux air de jeune premier entre Pierre Clémenti dans la Cicatrice intérieure de Philippe Garrel, et Pierre Blaise, le gars qui joua le Lacombe Lucien de Louis Malle.
Mais on pourrait aussi bien décréter, ce qui est notre option, qu'Antonin, à l'école d'Artaud, «suicidé de la société», est beau d'éviden