Alors que les candidats à la présidentielle se bousculent au Salon de l'agriculture comme des bouchers pour tâter le cul des vaches, Emmanuel Gras transforme ces bêtes en des nourritures hautement spirituelles. Dans son film Bovines, c'est «la vraie vie des vaches» qu'il promet de dévoiler, comme si tout ce que nous savions à leur propos n'était que mensonge, escroquerie et illusion. Pourtant, Emmanuel Gras ne nous dira rien à propos de ces créatures mystérieuses aux longs cils de vamps et aux voix rauques. Nous les verrons brouter l'herbe comme si c'était le repas le plus magnifique servi directement par la terre sans l'intervention d'aucun cuisinier. Nous les surprendrons en train de se lécher entre elles pour se montrer quelque tendresse, accoucher d'un petit sans stress ni curiosité, courir comme des folles pour découvrir la saveur des nouveaux pâturages. Puis, s'isoler pour jouir du soleil les yeux fermés.
Car les vaches ont l’air d’aimer aussi bien être seules que rejoindre leurs copines de jeux. Leur vie ressemble à celle que l’on menait au paradis terrestre. Elles n’ont pas froid lorsqu’il pleut grâce à leurs robes en cuir, elles mangent à satiété, et ne se font jamais la guerre. La seule chose qui semble inquiéter la paix éternelle de ces demoiselles c’est la présence humaine. Voici que dans le désarroi général une copine leur est enlevée dans un camion pour être transformée en steak. Elles la regardent s’éloigner, énervées et maudissant ce qu’elles