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Libération

Dernier feu d’artifice

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publié le 13 mars 2012 à 0h00

Ce matin, je voudrais vous confesser un sentiment confus et invraisemblable, difficile à expliquer… Voilà, depuis quelques semaines, en tant qu’humoriste, je redoute la victoire de la gauche. Cinq ans que la droite nous offre un tel spectacle, mélange de gaffes, d’excès, de dérapages, d’affaires, nous avons bénéficié d’une telle matière pour rire et faire rire… Alors soudain, j’ai peur de me retrouver sans rien, désœuvré, démuni. A quarante jours d’une possible victoire de l’opposition… Je flippe ! C’est un des paradoxes de ce métier : on se moque des travers de nos politiques, on les dénonce, on en rigole… Et quand ils s’en vont, quand ils nous quittent, on se retrouve orphelin. Ils nous manquent presque : le syndrome de Stockholm.

Pour un humoriste, une année politique sans scandales… C'est comme un hiver sans neige pour un moniteur de ski… Sa saison est fichue. A Libération aussi, l'ambiance est bizarre. Le journal ne s'est jamais aussi bien vendu, on devrait se réjouir… Et pourtant, dans le regard de quelques journalistes politiques croisés, au petit matin, à la machine à café, je perçois une inquiétude.

Je nous fais penser à un groupe de scientifiques qui pendant des années se serait investi, passionné, à chercher un vaccin pour soigner une grave maladie et au moment de trouver le remède miracle… «Putain, qu'est-ce qu'on va devenir, maintenant ?» Fini les réunions enfiévrées le soir, les apéros jusqu'à pas d'heure avec Demorand couché sous la table chant