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Libération
Récit

«C’est une fois par an, comme la journée des femmes»

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Des échanges enflammés du comité de rédaction au stress du papier à rendre à la taille, récit d’un journal aux mains des écrivains.
par Geneviève Brisac et Sibylle Grimbert
publié le 15 mars 2012 à 0h00

Il est dix heures, et il fait un temps magnifique. Nicolas Demorand, Sylvain Bourmeau et Claire Devarrieux entourent le capitaine du navire Libé des écrivains 2012, Hélène Cixous. La voix d'Hélène Cixous est douce et mélodieuse, mais ce que nous disons n'est pas drôle, et les mines itou. Un vent mauvais se serait mis à souffler. Depuis mardi un sondage amplifié à la puissance mille par le Figaro,le Monde et toutes les radios le donne en tête. Il ne caracole pas, mais il y est. Sont-ce ses petits airs tristes, ses grands airs décidés ? La France est à droite grogne-t-on.

D’où ça vient. Comment on a pu en arriver là. Nicolas Demorand lance le débat sur la une de la veille. Quelqu’un sur fond bleu. Fait-on trop de unes sur lui ? Et pourquoi ? Chargées du making-of, timides et tremblantes, Sibylle et moi sommes frappées par la passion politique qui nous a tous saisis, écrivains et journalistes. Le débat dure longtemps et il est riche et il avance, et il est éclairant, et on se prend à songer que c’est un beau métier de vigie, de guetteur. Ce métier si vilipendé - non sans raison souvent - de journaliste. Et c’est le miracle de la pensée, le miracle renouvelé du temps pris à partager ce que nous ressentons et croyons, l’énergie revient.

L'heure tourne. Nous sommes inquiètes, nous les stagiaires d'un jour : il est déjà presque midi, et nous discutons encore. Du psychologisme ambiant. De la place du zysme, du populisme tel que Grégoire Bise