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Libération

Sondé, le citoyen reste-t-il un homme libre ?

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publié le 16 mars 2012 à 0h00

Chez nous aussi, à la cafèt bavarde ou dans les couloirs pressés, les sondeurs ont pris le pouvoir. De jour en jour, leurs oracles sont nos bleus du ciel, nos anticyclones et nos dépressions. Ils scandent, avec le lexique des météorologues, des indices de «ressenti» et de «fiabilité» encadrant des pronostics qui ne sont - nous le serine-t-on assez ! - que des «instantanés». Chaque instant T comme «Tweeter» est devenu jour J et heure H, chaque livraison un «tournant». Ce temps mal partagé (la «séquence» de Machin tel un «épisode» nuageux, le jour de gloire de Chose et la semaine de Suzette) cravache les petits chevaux glissant à tour de rôle sur le tapis de la glose médiatique.

De ces moments, il importe de bien profiter. Sans risque d’être contredit, l’homme ou la femme de l’instant y peut à sa guise épuiser nos collègues de Désintox ; ce qui importe, ici, n’est pas le faux ni le vrai, mais l’occupation du terrain par le duo qui, paraît-il, fait «la course en tête». Hollande défouraille sa tranche d’imposition à 75% au-dessus d’un million d’euros annuels de revenus (sans en évoquer aucune autre qui donnerait du sens à une ébauche de réforme fiscale), et le devenir de quelques dizaines de footballeurs fait une profession de foi. Sarkozy fait acclamer le dimanche l’hypothétique sortie du traité de Schengen (dont son ministre de l’Intérieur a le jeudi boycotté la renégociation), et ce «sauveur de l’Europe» mesure, dans les piaillements tricolorisés de ses groupies, le profit à t