Le voici donc le visage (et une partie du corps) de l'homme décrété de toutes parts comme le plus «haïssant» de France. On ne saurait pas qu'il s'agit de Mohamed Merah qu'on trouverait cette photographie un peu floue, un peu nulle, insignifiante. Juste un jeune homme qui sourit en sortant d'une voiture. Cette image indistincte a gagné ces galons de singularité à l'aune de son actualité tragique et soudaine. Publiée jeudi dans Libération, elle est le résultat d'une course à l'image dont le départ fut donné par les enquêteurs dès lors qu'ils révélèrent l'identité du tueur. On dit «safari-photo» et «chasseur d'images» pour distinguer ceux qui cadrent les animaux sauvages au lieu de les tuer. On dit aussi «capture» d'image (ou d'écran) quand - et c'est ici le cas - une image fixe est extraite d'un film ou, en l'espèce, d'une vidéo qui fut diffusée par France 2 le 21 mars au soir. Autrement dit : à cette image immobilisée, paralysée, il manque, comme lors d'une arrestation, aussi bien le mouvement que la parole. L'image est mise aux arrêts et ne parlera peut-être qu'en présence de ses avocats ou devant ses juges.
Avant d’être arrêté, Mohamed Merah fut donc capturé. Ce n’est pas un jeu de mots. L’identification a ici une autre fonction et valeur que la fameuse identité judiciaire. Il ne s’agit pas de mesurer de face et de profil, mais de trouver, même floue même indécise, une trace d’humanité. Découvrir ce visage a de quoi satisfaire et calmer la curiosité. Mais cette déco