C’est le moment obligé. A la fin de chaque débat sur l’Europe, la même question est lancée aux partisans de son unité : «…Oui, mais quelle raison donneriez-vous d’aller voter à ces élections ?» On ne la poserait pas à propos d’une présidentielle, de législatives ou de municipales. C’est un doute qui s’exprime là, non seulement sur l’Union mais sur l’idée même d’unité européenne. Cette question traduit, bien évidemment, un état de l’opinion, en France comme dans une grande majorité des Etats membres, et la première réponse à y donner et que, non, ce n’est pas parce qu’elles pourraient tout changer du jour au lendemain qu’il faut prendre part à ces élections européennes de la semaine prochaine.
Aucune élection n’a jamais tout modifié d’un coup car les pesanteurs économiques, sociologiques et politiques sont toujours plus fortes que la plus déterminée des volontés de réforme. Une élection ne peut apporter que des inflexions et ce qui est vrai au niveau national l’est encore plus à celui de l’Union.
La première raison en est que le Parlement européen, la seule des institutions européennes à procéder du suffrage universel, n’a que des pouvoirs limités. Il ne lève pas l’impôt. Il ne peut qu’accepter ou refuser un budget dont le montant, ridiculement bas, est fixé par consensus des 28 dirigeants nationaux. Les députés européens ne peuvent donc que batailler, suggérer, tenter d’amender des décisions qu’ils ne prennent pas puisque ce sont les Etats et leurs dirigeants qui décident de t