Soit, le 14 avril, l’enlèvement à Chibok, Nigeria, de quelque 270 lycéennes (une cinquantaine s’échappèrent) par la «secte», la «bande islamiste armée», le «groupe terroriste» Boko Haram, alias, en français et en substance, «éducation interdite» ; soit une exaction de plus, après tant d’autres de toutes natures sanguinaires perpétrées par la bande, mais que rendit particulièrement spectaculaire la mise en scène de sa revendication, dans une vidéo datée du 5 mai.
S'y produit Abubakar Shekau, son chef charismatique en veste de treillis kaki et gilet pare-balles, fusil-mitrailleur en travers du torse et déclamant plutôt que lisant un texte qu'il brandit de sa main gauche, de sa dextre cependant tantôt se grattant le cul, tantôt agitant la pointe de son bonnet rougeâtre sans jamais éteindre un sourire hâbleur dans sa barbe noire. L'effet est celui d'un junkie shooté jusqu'aux yeux, dont on ne sait trop ce qui, du discours ou de la gestuelle, sonne le plus obscène. Lorsqu'il évoque le projet de vendre les jeunes filles ou de les marier de force au nom d'une charia invoquée, fantasmes et idées reçues, de nature confusément sexuelle, viennent soudain bouleverser «la conscience universelle», comme dirait Manuel Valls à la télé.
C’est que depuis la fin de la semaine dernière, elle se faisait entendre, «la conscience universelle»… à coups de tweets et de selfies (#BringBackOurGirls) sur les réseaux en furie, le monde entier, à l’unisson de son offuscation et sous les divers pat