Il y aura dimanche mille motifs de distraction. A Roland-Garros, ce sera l’heure des premiers ahanements des puncheurs indignés et des cogneuses atterrées. A Monaco, les petites voitures de la F1 tournicoteront dans la principauté défiscalisée. La veille, Cannes, européiste pour deux, aura palmé en avance son «campionissimo», Godard ou DSK.
Nous serons l'un de ces dimanches de fête des mères propices aux déjeuners sur l'herbe, aux trempettes frisquettes, aux goulées avides de cette douceur de vivre d'autant plus sapide qu'on se la raconte acide, dans un lamento furioso qui nous colle au paletot, grelot glaçant de ténèbres promises.
Dimanche prochain, il y aura aussi des élections. Au-delà des habituels tournebrides que génèrent nos sociétés du divertissement, se développe un désarroi citoyen franc et massif devant cette Europe qui pousse ses wagonnets d’austérité et qui se charbonne le visage à la suie du désœuvrement. Une angoisse sourde enfle devant l’inutilité de cet acte fondateur démonétisé.
Ne pas s'abstenir. A gauche, parmi les populations civilisées et éduquées, boboïsées et qui se haussent du col, grandit cette tentation de faire jouer son droit de retrait quand il est question de cette belle entreprise pacifique devenue symbole de moins-disant social, d'affadissement commerçant et surtout de dépossession politique. D'ailleurs, moi-même, je ne me sens pas au mieux à la veille d'actionner l'un des poussoirs électroniques qu