Oui, le Front national a réuni le quart des suffrages exprimés. Cela aura, oui, des retombées sismiques sur la scène politique française où ce parti ne pourra plus être traité en paria qu'il n'est plus mais cette évidence ne devrait pas en faire oublier une autre, non moins importante. Outre qu'il reste à prouver que Mme Le Pen puisse obtenir autant de voix dans une élection nationale - dans un scrutin qui ne serait pas vu, à tort mais c'est ainsi, comme secondaire par beaucoup de Français - le fait est aussi que plus des deux tiers des voix se sont portés sur des formations qui ne sont pas d'extrême droite, ne prônent pas la sortie de l'euro et ne souhaitent pas «tout bloquer» dans l'Union avec l'espoir de la faire imploser.
Séisme il y a, mais il demeure limité par ce rapport de forces et il en va de même à l’échelle européenne. En admettant même (ce qui n’est pas le cas) qu’on puisse en faire un seul et même courant, nationalistes, europhobes et cryptonazis ne représenteront qu’un cinquième des sièges au Parlement européen. Ils pourront donner de la voix et alimenter leurs caisses grâce aux moyens dont les groupes parlementaires disposent à Strasbourg. Ce n’est pas neutre. Ce n’est certainement pas négligeable mais, aussi nombreux qu’ils soient, ces élus ne pourront ni «tout bloquer» ni même peser sur les évolutions européennes qui procéderont des compromis entre les partis favorables à l’unité de l’Europe.
Le seul des pays membres où les résultats de dimanche po