Après «Peur sur les villes» qu'inspirèrent des sondages prometteurs de bonne fortune frontiste aux municipales, après l'effarée «France FN» enregistrant lundi la performance lepéniste européenne, et avec, le lendemain, une allégorie en colère et bonnet phrygien incitant à «Réagir», les manchettes de Libération disent et redisent la même incantation, infiniment déclinée depuis le «Non» quasi programmatique du 22 avril 2002. Un cri du cœur, juste un cri et seulement du cœur. Nous sommes des démocrates, pas des partisans. Nous sommes un journal, et nous sommes impuissants.
A bien y regarder, cette impuissance est médiatique, structurellement. Débordé de toutes parts par la rumeur webmatique, son mode est schizophrénique et paranoïaque, qui consista plusieurs semaines durant à annoncer à hauts cris la potentielle installation du front d'extrême droite en «premier parti de France», dans une arithmétique perception du politique ; puis, au soir du scrutin, à surjouer la surprise dans la litanie de métaphores évoquant une catastrophe naturelle. Comme si celle-ci n'avait été prévisible, comme si le «séisme» second de l'implosion de l'UMP n'était pas le jumeau du scrutin.
Peu de commentateurs, cependant, s'étonnèrent que Patrick Maisonneuve, l'avocat de Bygmalion, puisse benoîtement déclarer que son client avait émis les fausses factures que l'UMP lui avait imposées - ce qui constitue un délit ; et peu demandèrent au pleurnichant Jérôme Lavrilleux, directeur d