On croyait connaître Macbeth, ce conte de l'ambition humaine déréglée, aveuglée par le pouvoir, où le sang appelle le sang, où la culpabilité rend fou. Ce portrait de la petitesse des grands, de la corruption et de l'hybris. Au Théâtre du Soleil, Macbeth prend une autre dimension. On y découvre le bouleversement de l'ordre naturel et cosmique, l'arrogance d'un homme qui prétend embrigader la nature dans son projet de domination. Ainsi parle Macbeth : «Même s'il vous faut déchaîner les vents / Et les laisser s'abattre contre les églises / Même s'il faut que les vagues écumantes / Désorientent et avalent toutes les flottes qui naviguent sur elles / Même s'il faut que le blé en herbe soit couché et les arbres arrachés […]. / Même s'il faut que le trésor des semences de la nature / Soit renversé et irrémédiablement mélangé /Jusqu'à ce que la destruction même en vomisse / Répondez à ce que je demande (1).»
Macbeth est d’abord celui qui trouble l’ordre de la nature en troublant l’ordre du monde. Aveuglé par la prophétie de trois sorcières, le général Macbeth décide de tuer le roi Duncan qui vient de le couvrir d’honneurs. Celui qui ose asservir la nature à la volonté humaine et à l’ambition politique déclenche sa colère. Chez les Macbeth, les fleurs sont coupées et les arbres taillés, mais dans la suite de la pièce, c’est une nature rebelle, vengeresse et outrée, qui parle. Après la mort du roi Duncan, on rapporte d’étranges événements :
Ross : «Tu vois le