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Libération

Juncker or not Juncker…

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publié le 10 juin 2014 à 18h06

D’une rare violence, la bataille sur le choix du futur président de la Commission déchire Europe et en dit long sur ses débats. Politique et institutionnelle, elle remonte en fait à la fin des années 90, lorsque Jacques Delors invente l’idée de faire procéder ce poste de la majorité envoyée siéger au Parlement européen par les électeurs de l’Union.

C’est au Conseil européen, à l’assemblée des chefs d’Etat et de gouvernements, fait-il alors remarquer, que les traités donnent le privilège de désigner un candidat à la tête de la Commission mais ces mêmes traités, poursuit-il, donnent au Parlement le pouvoir d’accorder ou non son investiture au candidat du Conseil. Il suffirait donc, en conclut Jacques Delors, que les députés refusent d’investir tout autre candidat que le chef de file de la majorité pour que ce soit les électeurs qui désignent le président de la Commission au suffrage indirect mais universel et que la démocratie européenne s’affirme enfin.

C’était tout bête, tout simple, mais tellement révolutionnaire pourtant que c’est l’année dernière seulement que cette idée a vraiment pris corps, quand tous les grands courants politiques européens - à l’exception des extrêmes droites trop divisées pour le faire - se sont chacun choisi une tête de liste paneuropéenne qu’ils se sont engagés à porter à la présidence de la Commission s’ils obtenaient une majorité parlementaire.

Il avait fallu quinze ans pour y arriver car, derrière l’idée de Jacques Delors, c’est la plus vieille de