C'est la dernière chronique de l'année, avant l'été où le journal s'allège pour les plages. Je cherche une transition vers un sujet plus léger que d'habitude, un incident banal, un fait sans importance mais, il faut l'avouer, je ne dois pas être de ceux qui savent s'emparer des petits riens et en faire leur miel. J'ai pourtant devant moi une image bien lisse. C'est celle de Bachar al-Assad déposant son bulletin dans l'urne avec à ses côtés son épouse souriante, fière quoique légèrement tendue et pâle. Photo en couleur, posée, diffusée par les agences de presse. Lui est très appliqué, un léger sourire aux lèvres, il cherche à bien glisser l'enveloppe dans la fente. Elle attend et semble regarder s'il accomplit bien son devoir. Derrière eux, quelques personnes massées dans le bureau de vote applaudissent le président et le regardent avec une grande tendresse. Ce sont des femmes et des hommes jeunes, tous bourgeois à lunettes de soleil king size et cheveux lissés, maquillage soigné pour les femmes. On peut deviner un seul vieillard, caché par le président lui-même. C'était le 3 juin dernier.
Cette photo, banale en apparence, dérisoire en quelque sorte, réplique de la même avec tous les présidents qui vont, en public, voter pour eux-mêmes avec un sourire plus ou moins content, plus ou moins inquiet, une femme plus ou moins présente, photogénique, supportive.
Que penser de cette scène ? Bachar joue au président, il mime la cérémonie du vote. Mais pour quoi faire ?