On en voyait monter la possibilité depuis les élections allemandes, on pouvait l’espérer depuis plusieurs semaines et c’est maintenant fait. Avec les décisions prises, vendredi, par le Conseil européen, l’Union va se démocratiser, prendre un cours plus fédéral, modifier ses politiques économiques et ouvrir, par là, une nouvelle page de son histoire.
Elle se démocratisera car la présidence de la Commission ne procédera désormais plus d’obscurs marchandages entre ses 28 dirigeants nationaux mais des majorités parlementaires que les électeurs européens enverront siéger à Strasbourg. Cela s’est fait sans nouveau traité. Il aura suffi que tous les grands courants politiques de l’Union s’engagent à n’accorder l’investiture du Parlement qu’au chef de file de la formation qui aurait obtenu le plus de voix aux élections européennes, qu’ils n’en démordent ensuite pas et que le Conseil européen, l’assemblée des 28 chefs d’Etat et de gouvernements, se résolve à adouber Jean-Claude Juncker, la tête de liste du Parti populaire européen, le parti conservateur qui avait réuni le plus grand nombre de suffrages le 25 mai.
Le Conseil a, de fait, plié devant l’exigence de démocratisation de l’Union exprimée par la gauche, la droite, les Verts, les centristes et la gauche de la gauche. Il lui a été d’autant plus difficile d’y résister que la droite et la presse allemandes pressaient Angela Merkel de ne pas s’y opposer, que la chancelière n’a finalement pas osé braver son opinion publique et son pr