En tenir un. Un seul, une fois. Un de ces rédacteurs de la grande machine qui amorcent leurs sujets quotidiens du 20 heures sur le Proche-Orient par les roquettes menaçant les villes israéliennes. Qui donnent la parole aux enfants israéliens, aux passants israéliens, aux mères israéliennes dont les enfants sont menacés. Et poursuivent et concluent la synthèse quotidienne par quelques plans, filmés de loin, sur les décombres de Gaza, en livrant mécaniquement le bilan des victimes palestiniennes, 20, 30, 50. Dans cet ordre (l’acte de guerre du Hamas précédant systématiquement l’acte de guerre d’Israël). Cet ordre qui, plus efficacement qu’un éditorial - surtout ne pas prendre parti, on est neutres, à la télé -, dit au téléspectateur : ce sont les Palestiniens qui ont commencé, et les Israéliens ne mènent que des «représailles». Seule nous importe cette chronologie, plus déterminante dans la hiérarchie que nous édictons que le nombre respectif des victimes.
En tenir un. Un seul, une fois. Le regarder dans les yeux. Lui expliquer gentiment. Surtout, gentiment. Lui expliquer qu’on n’est pas spécialement pro-Palestinien. Pas davantage que pro-Israélien. Qu’à la limite, on s’en fiche. Qu’on ne veut même plus savoir qui a tort ou raison, qui a commencé, qui était là le premier, on s’est assez tiré les neurones dans tous les sens, on est fatigué d’essayer de départager. Mais tout de même, qu’on aimerait simplement comprendre.
Pourquoi le kidnappé israélien abattu par ses ravisseurs est