Choses entendues. Le snob : Avignon ? Ah, oui ! j'y suis passé un soir, voir Platel. L'ingénu : c'est curieux, cette année les metteurs en scène manquent vraiment d'imagination, ils commencent tous leurs spectacles par le même discours au micro, acteurs face au public. Le puriste : vous savez, moi, à part Régy… Le marathonien : demain, je vais voir les dix-huit heures de Henry VI, le Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly, avec provision de sandwichs et thermos de café. Le professionnel : les spectacles ? Pas le temps cette année, trop de rendez-vous. Le malotru : une marche pour les intermittents ? Vous croyez que j'ai que ça à faire ?
Finalement, le plus amusant dans un festival ce sont les bruits qui courent. Au bout de quelques semaines de jugements disputés, d’ouï-dire et de rumeur, le même palmarès est chuchoté par toutes les bouches. Le public et les critiques, par un mystérieux phénomène de consensus tacite, ont décidé de ce qu’il faut aimer ou détester. C’est dans cette arène d’une violence extrême que les réputations se font et se défont, que les compagnies se ruinent pour espérer retenir l’attention d’un programmateur. Mais cette année, ce qui frappe, c’est un Festival sous tension, en transition, en lutte avec l’extérieur et avec lui-même, donnant à voir de manière hyperbolique la fragilité du théâtre.
Choses vues : «la Disparition des lucioles». C’est le titre de l’exposition de la Fondation Lambert, qui résume fort bien l’atmosphère du Festival. Cité