Des manifestations de soutien aux victimes de Gaza sont interdites à Paris tandis que le président de la République affiche un soutien unilatéral à la politique israélienne. Qui veut «importer le conflit» ? En privilégiant le combat contre l'antisémitisme, ne risque-t-on pas en effet de donner aux Français «issus de l'immigration» ou musulmans le sentiment qu'il y aurait deux poids, deux mesures ? Opposant «l'intelligence de la guerre» à «l'émotion» d'une «civilisation de l'image», Alain Finkielkraut répond au Figaro le 26 juillet : «Je crois au contraire qu'au nom de la lutte contre l'islamophobie on sousestime systématiquement la haine dont les juifs et la France font l'objet dans toujours plus de territoires de la République.» C'est à son tour mettre en concurrence les antiracismes.
Le péril antisémite aveuglerait-il l'académicien à toute autre considération ? Ce n'était pourtant pas le cas en 2000 : lors de «l'affaire Camus», il prenait fait et cause pour l'écrivain et contre «la France grégaire». Renaud Camus déplorait dans son journal la surreprésentation des juifs sur France Culture. Or le philosophe n'y lisait qu'une «mélancolie barrésienne» ; c'est le scandale qui l'indignait : «depuis qu'il s'enchante de penser si bien, ce pays fait peur.» L'emportait sans doute sa proximité idéologique avec le contempteur du «grand remplacement» des populations «de souche» : l'identité nationale reléguait au se