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Libération

Démocratie réelle

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publié le 15 août 2014 à 18h07
(mis à jour le 15 août 2014 à 23h26)

Dans son beau film Lincoln, Steven Spielberg met en scène les débats et manœuvres préparant le vote par la Chambre des représentants du 13e amendement de la Constitution américaine, qui, en 1865, a officiellement aboli et interdit l'esclavage dans toute la nation. Un des représentants antiabolitionnistes, George Yeaman (joué par Michael Stuhlbarg), démocrate du Kentucky, se dit horrifié par l'esclavage mais s'inquiète : «Si on libère les esclaves, il serait inhumain de ne pas leur donner le droit de vote. Et ensuite ? Aux femmes aussi ?» Les huées que suscite dans toute l'assemblée cette simple évocation sidèrent littéralement Yeaman - qui finira par voter l'amendement (aïe!). La route a été longue pour les Noirs, même si les 14e et 15e amendements leur ont ouvert peu après la possibilité du vote… Et pour les femmes, objet des ricanements virils, ce sera 1920, date de la ratification du 19e amendement : «Le droit de vote ne pourra être dénié ou restreint pour cause de sexe.» Certains l'avaient accordé avant, le Wyoming (1869), le Colorado (1893), l'Idaho (1896), la Californie (1911)…

La France, pays des droits de l’homme, a attendu 1944 pour accorder ce droit aux femmes, presque un siècle après l’instauration du «suffrage universel» de 1848. On célèbre cette année les 70 ans du vote et de l’éligibilité des femmes. 2014, c’est aussi le vote (aïe!) de la loi-cadre pour l’égalité réelle entre les femmes et le