Avec son attrait pour le vide, l'été évoque l'idée de mort. C'est une belle saison, la saison préférée, en général. Même quand il est pourri, l'été entretient avec la mort une affinité radicale. Les vacances trouent. Finalement, les gens sont contents de rentrer. Verlaine a décrit ce despotisme de l'été dans son poème Allégorie ; Modiano ne dit pas autre chose dans Dimanches d'août, un titre au carré. On peut élever cette sensation au cube en revoyant l'album photo des disparus que l'été nous a généreusement servis. A chaque fois que je vais au restaurant, un serveur me demande : «Ça a été ?» La phrase qui est, selon Barthes, l'essence funèbre de la photographie. Je réponds toujours «oui», puisqu'il faut quitter la table. La première défection estivale à m'avoir frappé est celle de Tommy Ramone, le batteur du groupe de rock du même nom, rejoignant ses faux frères dans la tombe. Elle confirme qu'une avant-garde doit mourir jeune. Il n'y a rien qui détonne comme un rocker âgé.
Juste avant, le 10 juillet, l’artiste conceptuel On Kawara s’était éteint dans l’indifférence médiatique. Deux avant-gardistes en sortie de route : un rebelle pop-punk et un dandy obsessionnel, mais à lire la consternante notice Wikipédia d’On Kawara (trois lignes, cinq fautes) on constate, par-delà l’égalité qui unit les hommes dans la mort, la terrible inégalité de traitement entre ceux qui participent à l’art de leur temps. C’est ce décalage qui me bouleverse, cette