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Libération

Révo’ cul’ à «Libération» (épisode 2)

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publié le 11 septembre 2014 à 17h26
(mis à jour le 12 septembre 2014 à 12h13)
Ce devrait être fin octobre fin de partie pour le chroniqueur, qui revisitera d’ici là sa perception d’un quart de siècle de révolutions culturelles à Libération, et les raisons bonnes et mauvaises qui firent et défirent No Smoking.

Le commencement de la fin du Vieux Monde, s’il fallait lui délivrer un acte de naissance, que dirions-nous ? Plus spectaculaires, dans leur instantanéité, que la chute de l’Empire romain, celles du mur de Berlin et des tours jumelles du World Trade Center de New York, passant brillamment le test du «Où étiez-vous lorsque…», constitueraient, assurément, les marqueurs solides d’une journalistique datation.

Pour le Mur, nul décalage horaire ne contraria, vers 19 heures de ce jeudi 9 novembre 1989, la promotion de l'annonce à peine prématurée d'une levée des restrictions de sortie des citoyens est-allemands de leur territoire. La ruée vers l'Ouest commença immédiatement, dont Libération ne rendit cependant pas compte le vendredi 10 novembre, parce qu'il n'était pas en kiosque. Une grève de ses salariés fabricants en fut la cause, dont la majorité ne céda pas à la pression de l'événement historique invoqué - mais ceci est une histoire d'avant. Et tandis que partout se pronostiquait dans la liesse la fin de la guerre froide, je me souviens de l'euphorie qui régna lors du comité de rédaction du dimanche 12. Et je me souviens de Pierre Grundmann, alors rédacteur au service Société, qui, de tous les présents (ils étaient nombreux) fut seul à augurer, de ce bouleversement, une mauvaise limonade.

Douze ans plus tard, le 11 septembre 2001 conforterait le sentiment que les empires sont mortels. Dans le hall bondé du journal, et sous un unique écran de télé, à l'heure approximative