Ce devrait être fin octobre fin de partie pour le chroniqueur, qui revisitera d’ici là sa perception d’un quart de siècle de révolutions culturelles à Libération, et les raisons bonnes et mauvaises qui firent et défirent No Smoking.
Mais si l'économie de marché était le dieu et un vague social-libéralisme son prophète, où était le diable ? Le diable était confusément protéiforme, essentiellement incarné, en vitrine, par le lepénisme honni avant que d'être normalisé, et paradoxalement traqué, en coulisses, dans les fantômes dont Libération ne parvenait toujours pas à totalement se départir (songer au fameux «à Libé, ils décident tout en AG»). Sans doute ce «gauchisme» qui le déposa sur les fonts participe-t-il encore de l'identité patrimoniale du titre, mais ne s'arbore plus guère que comme la chevalière des ancêtres, transmise de génération en génération, et qu'un jeune zazou porterait à l'annulaire comme une coquetterie - ou un contresens…
Voyez, cet été, cette une (du 27 août) affichant, en raccourci, le gouvernement dit «Valls II», ostensiblement austéritaire, sous sa promotion jeuniste, féminisée et «issue de la diversité» : de gauche à droite, Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem, et, en symbole de finance réconciliée, le haut fonctionnaire pantouflard et banquier, Emmanuel Macron. «Sociaux-démocrates», proclamait avec une bienveillante audace le surtitre, tandis qu'en manchette, «la jeune garde» évoquait, pour la vieille garde des lecteurs, le chant révolutionnaire du même nom, vieux de près d'un siècle et qui proclame à son refrain : «Prenez garde !