Lundi 1er septembre. J'ai la chance insigne de partir au Japon pendant quatre mois, à Kyoto, en résidence à la villa Kujoyama. Je pénètre pour la première fois dans l'empire du Soleil-Levant. Comme en France, j'écrirai ici mon journal, même si les récits de voyage sont souvent bâtards : le pays est masqué par la subjectivité de l'auteur, qui est ligotée à la nouveauté constante de ce qu'il voit. J'essaierai quand même !
Le voyage, pour moi, commence dès l'aéroport (et même avant). J'aimerais écrire un roman qui se passerait dans un aéroport. Pendant le vol (qui dure onze heures trente-cinq minutes), je rattrape mon retard de films de cinéma grand public à succès et que je n'ai pas vus non pas parce qu'ils ont eu du succès mais sans doute un petit peu quand même. Je ne vais jamais voir ce type de films car si je les vois (à quoi sert l'avion), je suis toujours confirmé dans mes a priori. J'ai l'impression que le cinéma «populaire de qualité» est devenu aussi rare que le cinéma d'auteur, il est vrai que sur un écran de 11 pouces la théorie de Serge Daney selon laquelle un bon film reste un bon film indépendamment du support, s'écroule. J'ai donc regardé vingt minutes de The Artist, un quart d'heure de The Grand Budapest Hotel, dix minutes de Grace de Monaco, cinq minutes du Crocodile du Botswanga ; heureusement, il y avait un résumé de la Coupe