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Libération

La gauche ou le peuple

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publié le 26 septembre 2014 à 17h16

Il y a des romans épistolaires, comme les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Voici un essai épistolaire, genre peu usité jusqu'à présent. Il oppose le philosophe footballeur Jean-Claude Michéa à l'historien éditorialiste Jacques Julliard et l'on ne sait qui tient, dans cet échange de lettres, le rôle du vicomte de Valmont et celui de la marquise de Merteuil… Les deux intellectuels livrent néanmoins un ouvrage de facture fort agréable, quoique parfois un peu affecté dans le registre de l'érudition et de la courtoisie grand siècle, qui examine les liaisons dangereuses du moment : celles de la gauche et du peuple.

On connaît les thèses de Michéa, implacable procureur des bobos, disciple d'Orwell et de Proudhon, qui estime, un peu comme Guilluy chez les géographes, que la gauche a abandonné les classes populaires et qu'elle est devenue, à coup de postures libérales-libertaires, l'agent d'une nouvelle bourgeoisie cosmopolite méprisant les gens simples et foulant aux pieds, par bonne conscience européo-mondialisée, leurs convictions traditionnelles et leurs intérêts sociaux. Républicain, social-démocrate de filiation rocardienne, grand pourfendeur du capitalisme financier et de la superficialité contemporaine, Jacques Julliard, historien du syndicalisme avant de devenir éditorialiste vif-argent au Nouvel Observateur puis à Marianne, lui oppose sa connaissance intime du mouvement ouvrier et de la gauche, dont il est le conteur inspiré et le porte