Si la gauche voulait contenir la montée du Front national, elle devrait renoncer à son angélisme. Et je ne fais pas allusion à cette tendance qu’elle a - et à laquelle elle a renoncé depuis longtemps, hélas - d’expliquer une bonne partie des actes des délinquants et des criminels par la misère et par l’ignorance dans lesquelles ils vivent.
Il n’est pas nécessaire d’élaborer une quelconque théorie sur la nature humaine pour constater que la plupart des personnes qui se trouvent en prison sont issues des couches les plus défavorisées de la population. Dans ce cas, l’angélisme n’est qu’un constat sociologique ou politique. Sans compter qu’il y a des délinquants et des criminels qui ne sont pas méchants ou cruels mais désobéissants, ce qui dans d’autres contextes - politiques, scientifiques ou artistiques - peut s’avérer une vertu.
Or, il y a une autre forme d’angélisme, philosophique ou anthropologique, dont la gauche est atteinte depuis ses origines et à laquelle elle n’a toujours pas renoncé. L’homme, dit-elle, serait un être naturellement bon : ce sont les injustices économiques, sociales, politiques qui le rendraient méchant.
Dans les pays riches comme le nôtre, où ces injustices-là sont, à quelques exceptions près, moins graves qu’en Sierra Leone, il est normal que nous soyons tous bons. Et plus ces injustices s’estomperont, plus nous deviendrons des saints vivants, ne voulant et ne souhaitant que le plus grand bien à nos prochains. Ce jour-là, nous aimerons autrui autant que