Il n’y a plus de grande puissance ou de région du monde dont on sache encore où elle va. Vingt-cinq ans bientôt après la chute du mur de Berlin, un quart de siècle après la fin de l’ordre bipolaire qui avait plus ou moins assuré une stabilité internationale, c’est à tâtons que le monde avance, sans boussole ni direction, sans autre horizon qu’un chaos montant.
Prenons, d’abord, les Etats-Unis. L’URSS défaite et éclatée, ils s’étaient crus tout puissants. Ils ne voyaient plus qui pourrait contester leur suprématie et, moins encore, les menacer mais il n’aura pourtant fallu qu’une décennie pour que le fracas du 11 Septembre vienne leur ouvrir les yeux. Non seulement l’histoire n’était pas finie mais, bâillonnée par la guerre froide, elle reprenait ses droits comme un diable sortant de sa boîte. Rendue folle, l’Amérique envahit l’Irak et l’Afghanistan, oublie tous les principes de droit sur lesquels est fondée la démocratie et s’embourbe à Bagdad comme à Kaboul avant de porter un intellectuel pacifiste à la Maison Blanche. C’était le troisième acte en une poignée d’années, mais les Etats-Unis en sont déjà au quatrième car la crise ukrainienne et l’Etat islamique ont désormais contraint Barack Obama à réinvestir la puissance américaine en Europe et au Proche-Orient, sur des terrains dont il avait voulu la détourner au profit de l’Asie.
Sa priorité était à la compétition avec la Chine. C’est à raison qu’elle l’est toujours mais, urgence oblige, l’Amérique doit maintenant tout à la