La France aurait rompu - c’est l’idée qui monte - avec «l’héritage gaullo-mitterrandien». Sa diplomatie se serait alignée sur celle des Etats-Unis et serait devenue banalement atlantiste, voire néoconservatrice. C’est une idée qui émeut des pans entiers du Quai d’Orsay et suscite bien des alarmes mais est-elle fondée ?
Non, elle ne l’est pas, pour deux raisons. La première est que le nouvel interventionnisme français, cette indéniable réalité qui nourrit le procès en atlantisme, n’est en rien le fruit d’un suivisme vis-à-vis des Etats-Unis. En Libye, en Syrie, au Mali, en Centrafrique et en «Syrak» maintenant, contre l’expansion de l’Etat islamique dans la zone syro-irakienne, c’est bien au contraire la France qui a mobilisé Washington ou tenté de le faire, pas l’inverse.
La France a précédé les Etats-Unis sur la Libye où elle ne les a convaincus d’intervenir que par un chantage politique, en les menaçant de dénoncer leur passivité s’ils laissaient le colonel Kadhafi passer Benghazi au fil de l’épée. Elle est intervenue seule au Mali où les Américains ne semblaient pas se soucier que les jihadistes chassés d’Algérie puissent s’emparer de Bamako avant de transformer le Sahel en place forte. C’est son armée qu’elle a engagée seule en Centrafrique pour empêcher que l’éclatement de ce pays ne crée une crise régionale de première ampleur qu’elle était seule à prévoir et à craindre.
C’est toujours seule, mais impuissante cette fois-ci, que la France s’est retrouvée en Syrie lorsque B