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Libération

La puissance des amitiés adolescentes

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publié le 24 octobre 2014 à 17h16

On dit que la crise nous tue, nous sidère, nous désespère. A tel point qu’un grand nombre de nos contemporains sont acculés à attendre la victoire fracassante du fascisme. Le racisme légal n’est-il pas la seule consolation qui reste à ceux qui voient leur condition sociale dégradée et à l’humiliation qu’ils ressentent ? Au moins, les Blancs pauvres auront-ils le privilège d’être reconnus par l’Etat comme appartenant à une caste supérieure à celle des Noirs, des Arabes, des Juifs, des immigrés. Le fascisme n’est-il pas la puissance illusoire des impuissants ? Voilà ce qu’on nous dit du matin au soir et du soir au matin.

Le documentaire de David André Chante ton bac d'abord (1) prend le contre-pied de ces litanies de grand-mère sénile dont les médias nous affublent. Pour parler de la crise, le réalisateur choisit de filmer un groupe de jeunes appartenant à des familles ouvrières et des classes moyennes de Boulogne-sur-Mer pendant l'année de leur bac. Il rentre dans la vie de chacun d'entre eux, dans leurs familles, dans leur école, dans leurs rêves et surtout au cœur de leur amitié. Il nous montre la place, souvent oubliée, que celle-ci occupe comme relais de la famille et de l'école. Comme si ces amitiés adolescentes donnaient aux jeunes la possibilité de s'imaginer dans d'autres univers que les leurs. Grâce à ce lien, ils se représentent les valeurs d'autres parents et relativisent leur propre éducation. Cette puissance philosophique voire politique des amitiés adole