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Libération

Les «rouges-bruns» attaquent

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publié le 31 octobre 2014 à 17h26

Tel un clown maléfique, un spectre hante le vieux pays : celui de l’identité. Le choc de la mondialisation, au lieu de créer l’individu ouvert, cosmopolite et nomade dont beaucoup rêvaient, a aussi engendré le phénomène inverse : la réaction d’abord sourde et ensuite virulente de ceux qui sont «nés quelque part». «Malheureuse» ou agressive, minoritaire dans le cas des communautés inquiètes de leur dissolution dans un grand-tout, ou majoritaire chez ceux qui ne se sentent «plus chez eux» en raison de la montée de nouvelles minorités, l’identité tend à structurer le débat politique en se superposant au traditionnel clivage droite-gauche. C’est ainsi que des idées qu’on croyait assignées à un camp, celui de la droite conservatrice ou de l’extrême droite, se retrouvent, sous une forme atténuée ou différente, à gauche ou à l’extrême gauche. Il y a, désormais, à côté d’une droite qui en appelle à la protection des coutumes et des idées traditionnelles ou nationales, une gauche et une extrême gauche identitaires, qui usent à d’autres fins des mêmes concepts et des mêmes réflexes de défense identitaire.

Jean-Loup Amselle, anthropologue, étudie ainsi, dans un petit livre indispensable à la compréhension de ce nouveau paysage, ce qu’il appelle «les nouveaux rouges-bruns», ces responsables, ces militants ou ces intellectuels qui font prospérer à gauche des idées depuis longtemps situées à l’extrême droite. Point de liste noire ou d’amalgame dans ce texte précis qui analyse les idées bie