«Je n'accepterai pas la mise en cause des policiers et des gendarmes, qui ont compté de nombreux blessés dans leurs rangs.» Ainsi s'est exprimé le Premier ministre, Manuel Valls, devant l'Assemblée nationale, un jour et demi après l'annonce du décès d'un manifestant, Rémi Fraisse, sur le site du barrage contesté de Sivens, dans le Tarn. Au moment où il prononçait ces mots, on ignorait encore, dans l'Hémicycle, ce que le juge d'instruction d'Albi allait annoncer deux heures plus tard : la mort du jeune homme semble avoir été causée par une grenade offensive lancée par un gendarme. Mais qu'importe : pour le Premier ministre, le dossier de la responsabilité des fonctionnaires, impliqués dans le drame, semblait pouvoir d'ores et déjà être refermé. Car quoiqu'il ait pu se passer à Sivens cette nuit-là, et quoique puissent apprendre, à ce propos, les conclusions de l'enquête en cours, Manuel Valls venait d'énoncer son credo : un citoyen, quand il est responsable, ne met pas en cause l'action des forces de l'ordre.
En raison de sa fermeté prétendument «républicaine», ce credo fut accueilli par des applaudissements sur les bancs socialistes. Mais aux quatre coins du pays, c’est un autre credo, et un sens différent de la République, qu’ont exprimé des manifestants écologistes et des sympathisants d’extrême gauche et aussi, tout simplement, des citoyens soucieux des libertés publiques. Ceux-là, sur les réseaux sociaux et dans la rue, ont crié leur révolte et leur dégoût, devan