«Une victoire de l'Europe, une victoire pour le progrès, pour l'humanité», estimait François Hollande après l'atterrissage du robot Philae sur la comète Tchouri, mercredi après-midi, dont Libération publiait le compte rendu jeudi. La Nasa, plutôt bonne joueuse, félicitait la mission européenne pour cet exploit qui «représente une percée dans l'exploration de notre système solaire». Rosetta ne serait pas le succès d'un pays, ni d'un continent, mais une réussite internationale. Tout le monde l'applaudit, et s'applaudit donc lui-même. Les louanges sont faciles. D'abord, parce qu'il faudrait un peu pousser pour ne pas célébrer «la science» ou «l'humanité». Et, surtout, parce que cette mission, devenue collective dans son résultat, n'est pas habitée. Il n'y a ici aucun Neil Armstrong, Buzz Aldrin, Laïka (le toutou des Soviets) ou Claudie Haigneré à ériger en simili-divinité médiatique des étoiles. La guéguerre sémantique entre les termes de «cosmonaute», «spationaute» ou «astronaute» n'a plus cours : les épopées spatiales n'ont plus d'identité nationale et les conquistadors sont devenus des robots, comme Philae.
Rome doit pourtant organiser un triomphe à ses héros, mais, aujourd’hui, le muscle du guerrier compte moins que l’affûtage intellectuel de l’ingénieur, du geek suprême. Au centre de cette image, voici l’un d’entre eux, un jeune scientifique dont la bobine, filmée par quelques caméramen, est retransmise sur l’écran géant de la sa