Il aurait pu être le Saint-Simon de la sarkozie. Certes, il n’en a pas le style Grand Siècle, quoique doté d’une fort bonne plume, ni surtout la vanité pointilleuse. Mais justement, c’est ce qui redouble l’intérêt du livre : embarqué un temps dans le règne de l’hyperprésident puis débarqué sans ménagement à la suite d’intrigues tortueuses, Georges-Marc Benamou est un courtisan lucide qui décrit, par le menu, les petitesses de la Cour mais qui n’hésite pas, à la différence du duc impitoyable de Versailles, à s’égratigner lui-même au passage, ce qui donne à son témoignage un ton d’humilité fort bien venu. Il livre, ainsi, un récit intérieur de la campagne de 2007 et des premiers pas de Nicolas Sarkozy au pouvoir qui est l’un des meilleurs documents qu’on puisse trouver sur cette présidence baroque et égotiste, avec ses ridicules et ses grandeurs, ses coups de gueule et ses coups de cœur.
Benamou est écrivain, producteur de télévision, ancien directeur de journal, homme de civilité et de réseau et, à ce titre, parfait connaisseur de la Cour et de la Ville. Il a confessé Mitterrand vieillissant, magnifié Jean Moulin et la Résistance, dirigé Globe, un hebdo chic et très béhachélien des années 80, écrit pour Philippe Tesson ou Jean-Luc Lagardère, secondé Pierre Bergé ou Harlem Désir. A ce titre, il était une recrue de choix pour le candidat Sarkozy, qui avait besoin de relais dans les cercles parisiens pour flairer l'air du temps, anticiper les attaques et conférer à sa ca