Menu
Libération

«Jap Lag», épisode 3

Article réservé aux abonnés
publié le 21 novembre 2014 à 17h06

Ce Journal japonais (Richard Brautigan) est un Faux Journal (Jude Stéfan) parce que le journal est un genre faux et que les Japonais sont de grands imitateurs. Je prouverai ultérieurement mes dires.

24 octobre. Visite des îles de la mer Intérieure (la troisième mer du Japon) aménagées en centres d'art contemporain. L'architecture minimaliste de Tadao Ando est belle mais «gèle» les œuvres. Une œuvre est inséparable de ses murs, un bon roman est moins bon dans une collection qu'on n'aime pas. Ainsi, pour apprécier des néons de James Turrell, le visiteur doit gravir de hautes marches, accédant à l'autel comme dans un temple. Détournée de sa qualité première, la pièce de l'artiste tourne au contresens mystique ; les galeries du musée, remplies de subalternes en robe blanche, genre secte, rendent le tout encore plus solennel. L'esthétisation de la vie ne me gêne pas, mais l'esthétisation de l'art !

28 octobre. Ile de Kyushu, au sud du Japon. Nous sommes très bien reçus par la directrice de l'Institut français de Fukuoka. Ville jeune, où les habitants sont plus expansifs qu'à Kyoto. Ambiance méridionale. Le soir, on boit des coups dans un bar avec un personnage haut en couleurs, superstylé, qui ne parle pas cinq mots de français mais nous régale de saké en évoquant ses souvenirs de la Côte d'Azur, qu'il entrecoupe de grands rires de riche.

29 octobre. B