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Libération

«Jap Lag», épisode 4

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publié le 19 décembre 2014 à 17h46

Le 2 décembre. De retour de Tokyo, où nous avons passé dix jours, Kyoto ressemble à ce qu'elle est, une ville de province. A Tokyo, j'ai eu l'impression constante d'être un minuscule morceau de viande dans un estomac gigantesque : nécessaire pour l'orgueil. Bien que je sois un rat de ville, je me suis senti broyé (mais broyé en douceur).

4 décembre. Correction d'épreuves d'un texte, qui paraîtra dans la NRF, «Proposition faite au maire du XVIIe arrondissement pour créer une avenue du Japon à la place de l'avenue Mac-Mahon». J'avais d'abord pensé à décrire la rue du Japon d'après Google Street View, mais la technique m'a fait défaut.

5 décembre. Il y a énormément de sosies au Japon. J'ai croisé un sosie de Mathieu Amalric, un sosie de François Fillon et le sosie d'anciens profs de collège. Dominique Noguez avait déjà noté ce trait dans ses notes japonaises, Je n'ai rien vu à Kyoto. Nous ne faisons que nous répéter dans ce pays qui a érigé l'imitation en principe esthétique.

7 décembre. Je fais Skype pour la première fois de ma vie. Si ça pouvait être la dernière !

9 décembre. Nous sommes reçus à l'Université des arts et du design par une institution humaine, le professeur Watanabe Moriaki, auquel nous expliquons notre projet sur Barthes et l'art contemporain. Tradu