Combien de temps encore la France refusera-t-elle de rentrer dans le rang ? Egalitaire, républicaine, sociale, raisonneuse et rétive à la normalisation, elle impatiente de toute évidence notre classe dirigeante. Incapable d’imaginer d’autre avenir qu’un plat alignement sur les réquisitions de la mondialisation conservatrice, les hauts responsables du secteur privé sont ulcérés par la résistance d’une nation qu’ils qualifient d’archaïque parce qu’elle est trop républicaine.
Laurent Cohen-Tanugi a gagné la notoriété dans les années 80 pour avoir montré que la régulation étatique n’était pas forcément l’alpha et l’oméga de l’organisation sociale, et que le droit pouvait, lui aussi, donner aux individus les points de repères et les recours dont il a besoin. Ce point marqué, il s’est ensuite dédié à son métier d’avocat international et d’essayiste libéral, courtois et souriant, quoique parfaitement dogmatique. Il plaide, cette fois, la cause de la mondialisation heureuse, et morigène les Français pour leur méfiance envers une évolution planétaire à ses yeux inévitable (1). Tout n’est pas faux dans son raisonnement, loin de là. Mais il est tenu de telle manière qu’il donne furieusement envie d’envoyer promener tous ces jolis messieurs de la mondialisation, et de rentrer dans son village manger du sanglier en buvant de la cervoise, ce qui n’était pas le but recherché.
Sans doute pour faire chic, Cohen-Tanugi a titré son livre en anglais, reproduisant telle quelle la phrase qu'il ente