On a raison de dire «Think Global, Act Local» («actions locales, pensée globale). C’est même un des mots de passe de l’époque. Encore faut-il savoir ce que l’on entend par «global», et comment il intervient dans la pensée.
Le global est d’abord concret. C’est la planète. Hannah Arendt avait raison de le dire : l’homme en a fait un objet, en pouvant la quitter (dans l’espace) en pouvant la détruire (par une bombe). Et cela a tout changé. Mais, il ne s’agit plus seulement de ces premiers sauts, qui résumaient déjà dans leur ambivalence tout ce qui suivrait : merveille (la planète bleue, les sondes spatiales), ou terreur (atomique). Nous sommes dans cet entre-deux, à demeure : la conférence sur le «climat» viendra le rappeler, à la fin de l’année 2015, comme déjà les débats de Lima, les accords entre les Etats-Unis et la Chine. Penser «global», c’est voir cette nouvelle dimension de l’action humaine, son ambivalence. Mais, il faut prendre au sérieux ici ce que «penser» veut dire. Revenir au savoir, aux sciences, à leur débat éclairé et critique, remède aux maux de la planète, mais aussi aux ignorances et aux illusions qui les concernent, les aggravent et sont souvent «entretenues». Think Global : prendre les deux mots au sérieux. Le doute sur la science, sur la vérité, entretient tous les autres. Il y a un bon et un mauvais scepticisme ; le bon sceptique en appelle, par-delà les opinions, à la science humaine (qui porte sur les choses) ; le mauvais sceptique en appelle, par-delà