Professeur(e)s Toc et Zoc, vous êtes les spécialistes mondiaux de toute situation. Que nous décryptez-vous cette semaine ?
Pr Toc : Le ni-ni prôné par Nicolas Sarkozy entre le PS et le FN, ça ressemble à un enfant à qui on demanderait s'il préfère son papa ou sa maman et qui répondrait : «Je n'aime ni l'un ni l'autre.» Ça veut quand même dire aux électeurs : socialistes et Front national, c'est bonnet rose et noir bonnet. C'est kif-kif, cherchez le bourricot vous-mêmes. Vous n'aviez qu'à ne pas vous flanquer dans cette situation. Pensez-y aux prochaines élections, et votez UMP. On vous avait proposé le vaccin contre la peste et le choléra, vous n'en avez pas voulu, ce n'est pas maintenant qu'on va vous donner des consignes. En plus, nous, on a gagné, ce n'est plus notre affaire.
Pr Zoc : Ce qui est curieux est de renvoyer dos à dos deux concurrents alors qu'il y en a quand même un avec qui on pourrait tellement bien s'entendre, sur les immigrés, les repas dans les cantines, le voile à l'université par exemple. En plus, les socialistes sont tellement fiers d'avoir instauré le mariage pour tous qu'ils auraient bonne mine de s'indigner sous prétexte de fiançailles entre l'UMP et le FN.
Pr Toc : La nuit de noces serait rude pour le PS.
Pr Zoc: C'est aussi que les choses se sont inversées : désormais, pour que la droite fasse une alliance avec le FN, il faudrait d'abord que le FN soit d'accord. Ce serait à ses conditions.
Pr Toc: Le ni-ni, c'est dire à ses électeurs qu'ils peuvent y aller, personne ne leur jettera la pierre s'ils votent FN. C'est apporter une belle dot à Marine Le Pen. Il faudrait voir aussi, en cas de mariage, la réaction de la première concubine, l'UDI, qui, au nom de son centrisme, pourrait le prendre mal.
Pr Zoc : Moralement, le ni-ni n'est guère tenable. Mais électoralement ? Car il ne faut pas confondre élections et concours de vertu - ce serait admirable que le malentendu ait pu durer jusqu'à aujourd'hui. C'est le prix à payer pour que les électeurs comprennent qu'une voix donnée au Front national est une voix perdue par la droite, et même par l'extrême droite, puisque le président de l'UMP place maintenant Marine Le Pen à l'extrême gauche. Pr Toc : Cependant, si on comptabilisait les voix du FN dans le bloc de gauche, la droite aurait subi une fameuse raclée au premier tour de ces départementales. Et si, grâce à ce prétendu si astucieux ni-ni, le FN acquérait un grand nombre de cantons, voire des départements, on pourrait se demander si l'expression «irresponsable mais pas coupable» ne s'appliquerait pas à Nicolas Sarkozy.
Pr Zoc : Et pourtant, n'aurait-il pas les mains propres, comme Ponce Pilate, à force de se les laver ? Ce n'est pas lui qui se laisserait emmerder, telle Lady Macbeth, par des traces brunes sur les phalanges qu'aucun parfum de l'Arabie ne vous détartrerait.
Pr Toc : Ça risque quand même de devenir un ni-ni de guêpes, un vrai guêpier. C'est la porte ouverte au ni Marine Le Pen ni Nicolas Sarkozy.
Pr Zoc : C'est le problème avec le ni-ni, ça prolifère. Quand c'est ni-ni, ça recommence.