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Libération
Chronique «Si j'ai bien compris»

Cinquante nuances de Verts

Certains écologistes ont accepté de se jeter dans l’arène pour une mission ardue : fournir une énergie, dans l’idéal renouvelable, au pédalo.

Publié le 19/02/2016 à 17h31

Si j’ai bien compris, quelques écologistes ont négocié l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour atterrir au gouvernement. Le référendum à venir, c’était leur victoire - quel qu’en soit le résultat. Là-dessus, tout le monde nous explique que ce référendum est infaisable, qu’il est anticonstitutionnel et que, si on peut modifier la Constitution pour flatter la droite et le Front national, on ne va quand même pas s’abaisser à le faire pour les beaux yeux des écologistes, il y a des limites. Le référendum est comme l’aéroport lui-même, un projet qui a du mal à décoller. A la fois, ce n’est pas trop grave pour Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili. Manifestement, ce à quoi ils tenaient le plus, c’était à entrer au gouvernement, impatients de porter leur part du fardeau. Le référendum, c’était de l’habillage, pour montrer qu’ils prenaient les affaires publiques tout autant à cœur que leurs affaires personnelles, d’autant que, si on avait organisé un autre référendum au sein des Verts quant à leur participation gouvernementale, ils seraient vraisemblablement apparus comme des jaunes. Certains dans le mouvement écologiste ont l’esprit plus sportif que d’autres qui pensent que l’essentiel est de ne pas participer (mais qui ont participé en leur temps, qui y ont goûté avant de faire les dégoûtés). C’est fou de penser qu’on reproche aux écologistes entrants de faire de la figuration sur des strapontins et de ne servir à rien : mais à quoi donc peuvent alors servir ceux qui ne sont pas au gouvernement ?

Cécile Duflot était prête à gouverner sous les ordres de Jean-Marc Ayrault mais certainement pas sous ceux de Manuel Valls. Or voici que Jean-Marc Ayrault est prêt à gouverner sous les ordres de Manuel Valls (et sans Cécile Duflot). On n’a pas donné le portefeuille de l’Ecologie aux écologistes (loin de là, puisque Ségolène Royal semble maintenant en charge, via la COP 21, du ministère mondial de l’Ecologie) mais Barbara Pompili a quand même hérité de la Biodiversité, thème dont son long séjour parmi la diaspora écologiste a dû faire une spécialiste aguerrie. Jean-Vincent Placé est secrétaire d’Etat chargé de la réforme de l’Etat, parce qu’il sait ce que c’est qu’essayer de tenir la maison. Emmanuelle Cosse se retrouve au Logement pour faire les pieds à Cécile Duflot qui y avait aussi élu domicile (mais ce sont des baux précaires). François Hollande et Manuel Valls ont pris soin qu’aucun écologiste ne s’approche de trop près de l’Agriculture ou de l’Industrie, ministères où ils pourraient être tentés de mettre leurs idées en pratique.

En tout cas, l’ambiance au gouvernement après le remaniement doit être au plus haut. «Ouf», a dû s’exclamer fièrement la dream team unanime. La courbe du chômage ne doit plus en mener large ; maintenant, c’est sûr, elle va se faire renverser grave. Et avec une super-ministre de l’Ecologie et trois écolos au gouvernement, on va pouvoir respirer tout notre saoul. Le Président, après quatre ans de recherches effrénées, a enfin trouvé la recette de la potion magique en rajoutant quelques herbes qui en avaient disparu à son chaudron. Si j’ai bien compris, il a dû tomber dedans quand il était petit et il n’y a rien que le Président aime comme composer des potions magiques, à chaque fois semblables et différentes.