Si j’ai bien compris, on nous parle de mondialisation, globalisation et tout ça, mais en fait on est dans l’ère du micro. Emmanuel Macron a inauguré son microparti avec une macrobévue quant à sa domiciliation. Or tous les partis français ont une tendance au micro, la miniaturisation les guette comme si un triste miracle de la technologie rapetissait leurs militants. Les politiciens eux-mêmes sont atteints par le phénomène, leur crédibilité, leur efficacité, leur image tendent aussi vers le micro, il n’y a que leur ambition à rester macro.
Quant aux multinationales, qu’on pourrait croire épargnées, elles sont contaminées, mais de leur plein gré, par le mouvement, puisqu’elles se débrouillent pour payer de micro-impôts. Cette miniaturisation ne touche malheureusement pas les problèmes qui, comme par des vases communicants, deviennent de plus en plus macro à mesure que ceux qui sont censés les résoudre sont microfiés.
Les primaires apparaissent comme de microélections présidentielles. D'ailleurs, la raison d'être des micropartis est de financer les microcandidats aux macroprojets. Il y a déjà des microcampagnes qui changent un peu la culture politique du pays. C'est comme si, avant le combat dans l'arène, les Romains avaient demandé aux gladiateurs d'abandonner tout objet contondant pour simplement se disputer à coups de chansons, de poèmes ou de charades, comme dans Astérix. Comment les candidats donneraient-ils le meilleur d'eux-mêmes dans ces conditions ? Ils sont bridés par ces nouvelles règles qui les obligent à respecter un minimum l'adversaire sous prétexte qu'il est de leur camp. Les projets ne se différencient plus que par des micronuances.
Aux Etats-Unis, entre Bernie Sanders et Hillary Clinton et autour de Donald Trump, on ne peut pourtant pas dire que les primaires contraignent à y aller avec le dos de la cuillère. C’est macro-insultes et microcéphales, on ne se prive pas d’attaques ouvertement personnelles. Avec un macropaquet de dollars ou une macrofoi en Dieu, un macrotoupet, tout est permis.
Ah, si Nicolas Sarkozy pouvait dire tout ce qu’il pense d’Alain Juppé et Alain Juppé tout ce qu’il pense de Nicolas Sarkozy ! D’un autre côté, si, comme pour Bernie Sanders, on faisait un appel au crowdfunding pour François Hollande, on a le sentiment que la libéralisation des voyages en autocar faciliterait ses déplacements. Jamais le Président n’aurait l’occasion d’être aussi normal.
Si j’ai bien compris, c’est l’ensemble des macros qui sont touchés. L’Etat-maquereau augmente les tarifs. A 1 500 euros l’amende, il faudra avoir la bourse bien pleine pour se risquer chez une prostituée, sans compter l’indignité publique qu’on fera peser sur les mal-aimés qui n’ont pas la chance d’être eunuques. C’est vraiment injuste pour les chômeurs solitaires quand ils pensent que si le gouvernement avait été fichu de les aider à trouver du boulot en inversant la courbe du chômage, il n’aurait certainement pas pris la peine de légiférer sur la prostitution pour cacher ces seins qu’on ne saurait montrer. Et si tout patron pris en flagrant délit de licenciement se chopait aussi 1 500 euros ? Si j’ai bien compris, au rythme où vont les choses, ça ferait une macrotrésorerie.