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Libération
Chronique «Si j'ai bien compris»

2017, le triomphe est sur les rails

Qui peut empêcher François Hollande de gagner, maintenant que ses adversaires s’entre-tuent impeccablement, à part des flopées d’électeurs ?
Salle Wagram, à Paris, ce jeudi. (Photo Marc Chaumeil pour «Libération»)
publié le 16 septembre 2016 à 17h12

Si j’ai bien compris, entre la primaire et la présidentielle, la gauche devrait faire un tabac. Toutes les nuances seront représentées, il y en aura pour tout le monde. Mais les élections, ce n’est pas les Jeux olympiques, l’essentiel n’est pas de participer. Même arriver deuxième, médaille d’argent, ne procure qu’une satisfaction limitée. C’est bien pour gagner qu’enfourchent leur monture Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot et les autres (qu’on s’excuse de ne pas tous citer mais qui se reconnaîtront). La grille de départ semble encombrée par ceux qui pensent à la course suivante, même si on voit mal en quoi le désastre à venir leur donnera des ailes pour un triomphe futur - mais faisons confiance au sens aigu de la stratégie de tous ces gens qui ont déjà sauvé la France. Et remarquons que si les mésaventures de Nathalie Kosciusko-Morizet ont permis de se moquer de la parité à la primaire de droite, les femmes issues du Parti socialiste n’accaparent pas celle de gauche. Pour la cause des femmes, n’y aurait-il vraiment que Marine Le Pen qui sauve l’honneur, en tout cas qui fasse le poids ?

Un point sur lequel tous les précandidats (sauf un) sont d’accord : tout est de la faute de François Hollande. Au moins, ils ne peuvent pas lui reprocher de ne pas avoir pleinement exercé le pouvoir. Si Marine Le Pen est élue, ce sera de la faute de François Hollande, si la gauche n’est pas au second tour, ce sera de la faute de François Hollande - puisque c’est lui qui aura obligé tous ces pauvres gens, qui ne demandaient qu’à rester tranquilles, à aspirer eux-mêmes au rôle de lider maximo. En plus, si tout est de la faute de François Hollande, aucun des autres n’a échoué : c’est le Président qui leur a rogné leurs ailes de géant albatrosées. François Fillon en a d’ailleurs autant à droite pour Nicolas Sarkozy : il avait de bonnes idées, le Premier ministre, mais en cinq ans sous la houlette d’un président, comment en mettre une seule à exécution ? On peut évidemment regretter qu’il faille être un gros mangeur de chapeau, un avaleur de couleuvres comme on n’en fait plus, pour avoir ses chances à la présidentielle. Ça ne tire pas nécessairement l’élection vers le haut. Comme quoi la loyauté n’est pas toujours une vertu, surtout la loyautus interruptus.

Est-ce que le général de Gaulle se serait présenté à la primaire ?, peut-on aussi se demander en élargissant la pensée de François Fillon. Et Napoléon ? Et Charlemagne ? Si François Hollande finit par renoncer, il aura d’illustres prédécesseurs. Même si personne ne parvient à lui faire entendre raison, ce n’est pas pour autant qu’il sera hors course pour 2022 (on en salive d’avance), à en juger par l’actuelle présence de Nicolas Sarkozy à droite. D’autant qu’on reproche à François Hollande d’avoir trahi, ça veut dire que la trahison lui est familière et qui sait si, réélu, il n’en userait pas à nouveau pour mener une politique de gauche ? En tout cas, on attend avec gourmandise sa déclaration de candidature. Si j’ai bien compris, il faudra à l’artiste un talent incomparable pour préparer un petit tour à sa façon, claquettes et lapin, et expliquer avec tambours et trompettes qu’il est le seul à pouvoir sortir de cette chienlit qu’il connaît mieux que personne puisque, fin tacticien, il l’a organisée.

Retrouver la chronique Si j'ai bien compris… le 1er octobre.