Le week-end, à Johannesburg, fashionistas et jeunes créatifs se donnent rendez-vous dans d'anciens entrepôts rénovés par des promoteurs privés. Les boutiques et restaurants branchés, les toits des immeubles où l'on sirote un mojito, les graffitis sur les murs, évoquent l'atmosphère de Brooklyn ou de l'Est londonien, le soleil en plus. Mais la jeunesse de «Jozi», comme ses habitants surnomment affectueusement la ville, n'a aucune intention de se calquer strictement sur le modèle des métropoles occidentales. Elle revendique une identité bien à elle, africaine, moderne, et décomplexée. Les coiffures afro s'affichent dans les rues, des créateurs façonnent des robes et sacs en tissus imprimés wax, les rythmes de Sho Madjozi, une rappeuse qui mêle la langue xitsonga à l'anglais et au swahili, font fureur.
Reconquête
La «nation arc-en-ciel» ne fait plus rêver. L'heure est à la revanche. Ou plutôt la reconquête. Une nouvelle génération n'a pas connu la ségrégation raciale, mais celle-ci a laissé de profondes cicatrices, visibles jusque dans la géographie des villes sud-africaines, qui souligne les divisions toujours omniprésentes.
Héritage
Lorsque le mouvement «Black is Beautiful» émergeait aux Etats-Unis, dans les années 60, l'Afrique du Sud vivait sous l'apartheid. De jeunes femmes et hommes noirs réclament aujourd'hui la place qui a été refusée à leurs parents par le régime ségrég